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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

De la démocratie au sein des partis politiques

Publication : 27/10/2014  |  01:18  |  Auteur : Jean Dionis

Je veux, ce soir, engager avec vous le débat sur un sujet qui peut vous paraitre à la fois austère et secondaire. Je veux vous parler de la démocratie au sein des partis politiques.

L’article 4 de notre Constitution donne une place majeure aux partis politiques lorsqu’il stipule :
« Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie../…La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. »

Ainsi légitimés par la constitution, les partis politiques sont des acteurs décisifs de notre vie nationale. Il faut donc être bien naïf pour penser que l’on pourra – par exemple – réformer la France sans eux.

« Ils se forment et exercent leur activité librement…… » . Fort bien…. et cela nous amène à nous intéresser à cette démocratie partisane et d’essayer de voir comment elle s’exerce pratiquement en France. …et on aboutit vite au constat que cette démocratie partisane est loin, très loin d’être un long fleuve tranquille. La mémoire des militants socialistes est encore marquée par les affrontements des congrès de Rennes (choc Fabius/Jospin) et de Reims (aucune majorité possible entre Ségolène Royal, Martine Aubry, Benoit Hamon et Bertrand Delanoë). Celle des militants UMP est encore meurtrie du choc Fillon-Coppé de 2012….quant à nous à l’UDI, nous en faisons actuellement un apprentissage compliqué avec notre compétition interne pour l’élection du Président de l’UDI en remplacement de Jean-Louis Borloo.

Prenons ce dernier exemple pour aller au fond de l’analyse des difficultés de la démocratie partisane. Disons tout de suite par honnêteté intellectuelle que je suis un soutien d’Hervé Morin, donc forcément partial dans ce débat. Mais l’engagement n’empêche pas la réflexion.

La liste électorale de l’UDI comporte environ 28 000 électeurs. L’UDI a fait d’ailleurs un énorme travail pour arriver à une liste électorale la plus propre possible (règlement intérieur, huissiers, Commission nationale d’arbitrage et de conflits). Saluons cet effort.

Première constatation : 28 000 p., cela fait peu de monde pour le Centre, pour la quatrième force politique du pays ……et ce n’est pas étonnant quand on sait la profondeur du discrédit dont souffre le monde politique.

Les listes d’émargement du premier tour montrent une participation de 58,2% soit 16 662 votants, participation honorable pour un scrutin inédit dont les modalités (vote par correspondance) ne sont pas rôdées…..

2ième constatation : 16 662 Votants, cela rend l’élection à portée de main par quelqu’un de bien organisé qui monte un « système pour faire des adhérents » pour reprendre la terminologie officielle. Et c’est peut-être ce que nous sommes en train de vivre à l’UDI avec Jean-Christophe Lagarde. Hervé Morin, son concurrent, a rassemblé des voix en provenance de la majorité des territoires Français. N’empêche…..il a, à l’issue du 1er tour, plus de 700 voix de retard sur JC.Lagarde. Comment ? Très simple….. Jean-Christophe Lagarde est de très majoritairement le candidat de la Seine-Saint-Denis et de la ville de Drancy dont il est maire. Sur les 5 888 voix récoltées par Jean-Christophe Lagarde au 1er tour, 2 192 (soit 37% de son total national !) l’ont été dans le seul département de Seine-Saint-Denis et 1 377 (soit 23 % de son total national !) à Drancy. Par habitant, il y a 60 fois plus d’adhérents UDI à Drancy que dans le reste de la France ! qu’est ce qui explique cet engouement centriste exceptionnel des Drancéens ? Drancy, terre de tradition centriste ? que Nenni !! Drancy fut, longemps, une ville communiste, le charisme exceptionnel du Maire ? Certes, certes….Mais, ne nous voilons pas les yeux, cela ne suffit pas. La clé est bien un système clientéliste où l’adhésion à l’UDI fait partie d’échanges divers…

Ajoutez que ces voix ont été collectées de manière centralisée parfaitement inadmissible d’un point de vue démocratique. La lecture de l’article de l’hebdomadaire Marianne «Le drôle de circuit des bulletins Lagarde » est à ce titre, très éclairante. Cela vous garantit un taux de participation de 83,5% bien au dessus du 58,2% cités ci-dessus……et vous voilà en pôle position pour le 2ième tour.

Dans le cas présent, j’ose espérer une réaction du corps électoral centriste. Mais cet exemple montre la fragilité des élections internes partisanes potentiellement susceptibles d’OPA par des initiatives locales appuyées sur des systèmes clientélistes efficaces.

Vous me direz : « Rien de nouveau sous le soleil ! le PS a ses fédérations des Bouches du Rhône et du Nord- Pas de Calais et l’UMP a sa fédération des Hauts de Seine »…..et vous aurez raison. Mais votre remarque ne fait que confirmer mon constat de grande fragilité de la démocratie interne partisane en l’élargissant aux autres formations politiques.

Alors que faire ?

1-D’abord, les partis doivent continuer à balayer devant leurs portes en se dotant de procédures et d’instance de contrôle pour aboutir à des listes électorales irréprochables en se dotant de moyens d’enquête quand sont constatés des niveaux d’adhésion surprenants…. comme à Drancy

2–Ensuite, légiférer pour les adhésions dans les partis politiques comme cela a été fait pour le financement des campagnes publiques. Compte tenu du rôle des partis dans la vie de la Nation, l’Etat ne peut pas se désintéresser de la qualité de la vie démocratique partisane.


3- Enfin, aller vers des primaires pour la désignation des candidats comme des responsables des partis politiques : je n’y étais pas favorable, considérant que, dans la logique du droit des associations, il appartenait aux adhérents d’en décider seuls. Mais constatant à quel point la notion d’adhérent peut être dévoyée, je pense maintenant qu’il faut aller chercher le corps électoral des sympathisants, beaucoup plus vaste, et donc moins manipulable…..


Voilà à la fois mon constat sévère sur l’état de la démocratie interne dans les partis politiques et mes propositions de progrès. Le sujet n’est pas mineur. Remettre de la démocratie dans nos partis politiques, c’est, pour les partis, le début du chemin de la reconquête du cœur des Français….

@+

Les réactions

notion d adhérents

sans compter les adhérents à jour de cotis au bon jour mais radiés des listes d'électeurs pourquoi pourqui personne ne sait apparemment nous somme très nombreux eux n aurons pa le droit de choisir

réaction

Je suis total accord avec votre analyse,la démocratie n'en sort pas grandi,a travers un clientélisme récurrent dans le monde politique,il n'est plus étonnant d'atteindre des taux d'abstention historique,et plus grave encore le communautarisme en est une des conséquences directes,c'est pour cela que je suis contre le cumul des mandats qui est un mal chronique de notre 5ième République favorisant un culture d'égo surdimensionner de notre corpus politique.
Un radical et Udéiste scandalisé par les methodes entachant les consultations éléctorales!!

Réaction

je suis contre le cumul des mandats qui est un mal chronique de notre 5ième République favorisant un culture d'égo surdimensionner de notre corpus politique.

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