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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Loi Macron : Le PS prisonnier du mensonge de 2012

Publication : 23/02/2015  |  10:55  |  Auteur : Jean Dionis

Que faudra-t-il retenir de l’épisode politique que nous venons de vivre la semaine dernière ? Les Français, goguenards, qui en ont vu d’autres, ont assisté, surpris, au spectacle bizarre d’un premier Ministre, Manuel Valls, chef de la majorité parlementaire, incapable de convaincre la dite majorité de voter la loi Macron et devant recourir à l’article 49.3 de la constitution, qualifié en son temps par François Hollande "de violation des droits du Parlement, de brutalité, de déni de démocratie ». Rien que çà.....

Evacuons tout de suite le mauvais procès fait à l’UDI et à l’UMP selon lequel l’opposition aurait dû voter ce texte. Député pendant 10 ans, j’ai essayé d’appliquer en conscience la ligne de l’opposition constructive qui veut « que l’opposition vote un texte lorsqu’il est bon pour la nation ». Mais franchement, malgré tout ce qu’on a voulu nous dire, ce n’est pas un bon texte. Et malgré l’existence de points incontestablement positifs dans ce texte, j’aurais voté sans hésitation contre, car, pour moi, un certain nombre de dispositions de ce texte sont rédhibitoires, comme le dispositif ubuesque proposé pour le travail le Dimanche (quel cadeau fait aux Maires de France que d’avoir à choisr le nombre de Dimanches travaillés entre 5 et 12 ! Immense pagaille en perspective….).


Mêler, dans un même projet de loi, l’ouverture de lignes de transports collectifs réguliers non urbains par autocar, la libéralisation de l'installation des notaires, huissiers de justice et commissaires-priseurs, le pouvoir donné aux maires d'autoriser le travail dans les commerces jusqu'à douze dimanches par an, la privatisation des aéroports de Nice et Lyon, la réforme de la justice prud’homale, et ainsi de suite, c’est faire un texte fourre-tout , tout juste un texte de diverses dispositions administratives et financières qui cristallise contre lui des oppositions puissantes et diverses. C’est exactement ce qui s’est passé pour la loi Macron, mais en général, sur ce genre de textes, le gouvernement peut compter sur sa majorité parlementaire pour franchir ces oppositions.
Ce ne fut pas le cas. Et l’essentiel est bien là. Comme l’a dit fort justement Philippe Vigier, Président du groupe UDI à l’Assemblée Nationale, « le quinquennat s’est arrêté le Mardi 17 Février 2015 à l6 h 25 », soit le moment précis où Manuel Valls fait le constat qu’il n’a plus de majorité et passe en force avec le 49.3.

Ecoutons encore Philippe Vigier dans son discours lors du débat sur la motion de censure. Car son diagnostic va au cœur de l’ambiguïté socialiste telle qu’elle s’est nouée en 2012 : « Monsieur le premier Ministre, vous ne disposez pas de la majorité politique nécessaire pour conduire votre mission au service de la France, pour tenir vos engagements. Vous connaissez le chemin, mais il vous est impossible de l’emprunter. Le blocage sur la loi Macron en est la triste illustration. En réalité, vous êtes toujours prisonnier du mensonge sur lequel la majorité s’est construite en 2012 et vous êtes lié par un contrat qui va à l’encontre des intérêts de la France. Ce mensonge originel est celui de François Hollande qui a nié la crise et les efforts qu’il fallait demander aux Français et aux Françaises. Ce piège se referme sur vous. »

L’histoire de ce quinquennat tragiquement raté, c’est d’abord celui d’une victoire construite en 2012 sur une ambiguïté populiste (l’ennemi, c’est la finance, la taxation à 75% des riches, pas d’augmentation de la TVA, …..Autant de promesses reniées), sur une hésitation permanente jusqu’à la mi-2014 entre deux lignes politiques qui a littéralement épuisé le pays, pour enfin choisir, mi-2014, une ligne politique sociale-libérale qui, parce qu’elle n’a pas la légitimité que seule peut donner l’élection présidentielle, fracture en deux le groupe socialiste, et plus largement sa majorité parlementaire.

Il ne reste plus à ce gouvernement que le choix du passage en force, seul dans sa bulle, seul dans sa tour d’ivoire institutionnelle. C’est le choix qu’ont fait Manuel Valls et François Hollande. Il existe pourtant un moyen simple et puissant d’obliger un gouvernement qui se veut sourd à entendre la voix des Français : C’est le suffrage universel.

Il faudra s’en rappeler aux élections départementales et régionales. Valls ne veut pas que la représentation nationale s’exprime sur la loi Macron. Les Français doivent l’obliger, par leurs votes, à les écouter.


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